Bouchra Baïbanou, une passion nommée montagne

En mai 2017, Bouchra Baïbanou pourrait bien devenir la première Marocaine à gravir le plus haut sommet du monde. Cette quête de l’alpiniste sur la voie des 7 plus hauts sommets du monde avait démarré en 2011.

Bouchra Baïbanou est une femme hyper organisée. A Rabat où elle vit, cette ingénieure informatique partage ses journées entre son travail au ministère de l’Equipement et des Transports, ses intenses entraînements quotidiens et sa petite famille. Son temps est chronométré à la seconde près. Véritable fée du logis, ne disposant d’aucune aide ménagère, Bouchra veille au grain sur sa petite fille de 11 ans qu’elle accompagne chaque jour à l’école. Devoirs, repas, ménage… Bouchra Baïbanou assure sur tous les fronts, sans jamais négliger ses préparatifs pour le grand jour : l’escalade de l’Everest. Ce pari fou est le rêve de toute sa vie. Mais pas inatteignable. La jeune femme, âgée de 44 ans, a déjà à son actif de nombreux exploits, et elle ne compte pas s’arrêter si près de son but.

Oser rêver 

A la voir si frêle et si menue, on imagine mal que Bouchra a déjà vaincu de bien difficiles sommets. En fait, pour elle, l’aventure n’a pas commencé en 2011, quand elle a gravi, avec succès, le Kilimandjaro en Tanzanie dont le sommet culmine à 5 995 mètres, mais près de 20 ans auparavant quand elle a escaladé pour la première fois le Toubkal. Le sentiment de plénitude et de liberté qui l’avait habité alors n’avait d’égal que son envie d’escalader plus de montagnes, de relever de plus en plus de défis… « Ce qui fait ma force, c’est ma volonté et ma motivation. Je veux réaliser mon rêve. Depuis 2011, j’ose rêver et vivre ma vie comme je la rêve », assure Bouchra Baïbanou. Elle décide de vaincre les 7 sommets les plus hauts du monde. La conquête de chacun d’entre eux se fait dans la douleur et les sacrifices, mais quelle satisfaction après chaque conquête. « Pour réaliser ces exploits, je dois partir pour de longues périodes, loin de ma famille, de ma fille et de mon mari. Ce n’est pas toujours facile. Aujourd’hui, ma fille commence à mieux comprendre, mais quand elle était plus petite, elle m’en voulait de la laisser aussi longtemps », confie l’alpiniste. C’est pourtant le soutien de sa famille qui l’aide à relever ces challenges, à aller encore et toujours plus loin.

A la conquête des plus hauts toits du monde

Dans sa quête des « 7 sommets du monde », elle redouble d’efforts, et réussit, en un laps de temps relativement court, à les aligner sur son tableau de chasse. L’alpiniste chevronnée a ainsi vaincu, successivement, l’Elbrouz dans le Caucase russe et ses 5642 mètres, l’Aconcagua en Argentine et ses 6962 mètres, le Mont Denali en Alaska aux Etats-Unis et ses 6.194 mètres d’altitude. La dernière bataille livrée par Bouchra a eu lieu il y a quelques mois, le 19 novembre dernier précisément, quand la jeune femme a réussi à vaincre le Pyramid Carstensz et ses 4884m, devenant la première marocaine à réussir cet exploit. Elle en garde aussi un souvenir ébloui. « J’ai fait l’une des plus belles rencontres de ma vie, avec une tribu primitive. Les voir vivre à moitié nus, en toute simplicité, et être heureux m’a beaucoup touchée », explique-t-elle. Bouchra avait fait une tentative avortée de l’escalade de cette montagne une année auparavant. Prise avec ses compagnons dans une tempête de neige pendant trois jours, elle avait été contrainte de reporter son exploit. « C’est mon pire souvenir, et sur le moment, j’ai considéré cela comme un échec. Mais, en fait, il n’y a pas d’échec. C’est une expérience très enrichissante », révèle l’intrépide alpiniste.

Deux hauts sommets manquent encore au tableau pour concrétiser le rêve de Bouchra. « Il me manque toujours une partie de la somme pour réussir cet exploit. J’espère que des sponsors m’aideront à hisser notre drapeau sur le plus haut sommet du monde… », espère l’aventurière marocaine. Vaincre l’Everest nécessite 800 000 DH, somme que Bouchra n’a pas encore entièrement réuni. « Par le passé, j’avais parfois intégralement financé plusieurs de mes autres expéditions. Mais, aujourd’hui, tout a fondu, et si des sponsors ne croient pas en moi, le projet pourrait ne pas aboutir… », confie-t-elle.

Mais cela ne l’empêche pas de continuer à s’entraîner pour être fin prête si les moyens financiers suivent. « En faisant de l’alpinisme, on apprend à accepter que tout peut arriver. On cultive un mental fort », assure Bouchra. C’est d’ailleurs ce qui fait aussi la force de la jeune femme : aucune fixation sur les choses, advienne que pourra.

La passion en partage

La passion de Bouchra Baïbanou pour l’alpinisme l’a incité à fonder, en 2009, Delta évasion, une association qui allie nature, sport et aventure dans le but de promouvoir l’écotourisme au Maroc, comme moyen de développement durable des régions. Au programme donc, des randonnées dans tout le Maroc, mais aussi des actions caritatives en faveur des populations locales. Ces actions sont encore assez timides, mais l’alpiniste compte s’y atteler fermement dès la fin de son challenge. Un autre projet lui tient à cœur, celui de partager sa passion et ses stratégies de réussite, par le biais de conférences, mais aussi à travers un livre racontant ses exploits. Bouchra a, aussi, un autre rêve, celui de monter une agence de voyages spécialisée dans ce type d’aventures…

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