Fatéma Mernissi, une femme libre est partie

 Lundi 30 novembre, le monde perdait l’une de ses figures les plus brillantes et les plus lumineuses. Fatéma Mernissi s’en est allée, avec la discrétion qui lui est coutumière, presque sur la pointe des pieds. L’une des plus belles voix et pensées du Maroc n’est plus, et nous sommes toutes des orphelines.

 

L’information est tombée aux premières heures de ce lundi matin. On arrivait à peine à y croire. Fatéma Mernissi, une militante des droits des femmes, une sociologue de renom, considérée comme l’une des femmes les plus influentes du monde arabe, est partie. Elle était une juste parmi les justes, une lumière qui cherchait à donner plus de visibilité aux sans voix… Sa maison était ouverte à tous, aux hommes et aux femmes de ce pays, elle les aidait à se réaliser, à trouver en eux la force d’être meilleur, à écrire livres et recueils, à créer et à produire… Son œuvre prolifique, fruit d’un travail sociologique de longue haleine, a permis de remettre en cause bien des dogmes et des visions stéréotypées de la femme en Islam. Parmi les livres qui font date, on compte ‘’Sexe, Idéologie, Islam’’,  ‘’Le monde n’est pas un harem’’, ‘’Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en Islam’’, ‘’Le harem politique : le Prophète et les femmes’’, ‘’La Peur-Modernité : conflit islam démocratie’’, ‘’Le Harem et l’Occident’’ ‘’Rêves de femmes : une enfance au harem’’, etc.

Tous ceux qui ont connu Fatéma Mernissi se rappelleront d’une femme qui a fait du partage des connaissances sa raison d’être et de vivre. Curieuse de tout, elle prêtait une oreille attentive aux soubassements de la rue marocaine et des rues du monde arabe. Elle discutait avec les plus humbles et possédait cette curiosité unique de s’étonner de tout, et de faire les interprétations les plus justes et les plus avisées de tout ce qui peut paraître « normal ».

Née en 1940 à Fès, Fatéma Mernissi a fréquenté l’une des premières écoles privées mixtes du pays. Après des études supérieures à la Faculté de Droit à Rabat, elle fait des études de sociologie à la Sorbonne, et obtient un doctorat en sciences sociales aux Etats-Unis. Le choix de la sociologie s’expliquait par sa volonté « d’être en mesure de mieux appréhender les conditions humaines des femmes ». Et c’est qu’elle réussit à accomplir avec beaucoup de courage et de détermination, jusqu’à son dernier souffle.

 

 

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