Si elles ne sont pas tabassées à mort, violées, séquestrées ou encore mises à la porte de leur foyer, elles meurent en bousculade, piétinées, écrasées… Pour seul réconfort, elles auront un banal communiqué des autorités locales, une enquête qui cache déjà d’autres enquêtes similaires. Quel gâchis pour la femme marocaine ! Bienvenue au pays où on meurt parce qu’on est femme.
Jamais notre site d’information n’aura voulu commencer ce début de semaine par cette information, triste, désolante et révoltée. Nous sommes bouleversées une fois encore par ce drame. Ce matin, un communiqué de la part des autorités locales de la préfecture de M’diq-Fnideq nous parvient aussi tranchant que le contenu « Deux femmes ont trouvé la mort suite à une bousculade survenue lundi matin au point de passage de Bab Sebta. Une enquête a été ouverte par les autorités compétentes sous la supervision du parquet en vue d’élucider les tenants et aboutissants de cet accident ».
On les appelle les porteuses, ou les femmes mulets. Des noms aussi péjoratifs que le sale « travail » qu’elles font. Elles sont jeunes ou âgées et le « pratiquent » depuis des décennies. Elles travaillent cinq jours sur sept, de cinq heures du matin à une heure tardive du soir. Sans parler du travail domestique qui les attend en retour à leur foyer. Chaque femme- mulet peut porter un fardeau pesant jusqu’à 70 kilos avec un va et vient de dix fois par jour. Pour une sale et misère somme de 70 dh par tournée. Le plus grand gagnant, c’est le commerçant qui les emploie, qui, lui, encaisse le gros lot en vendant cette marchandise dans les souks.
Arrêtons l’hémorragie !
Rappelez-vous en novembre, ce sont 15 femmes qui meurent en se bousculant pour un sac de farine à Safi. En août dernier, deux femmes sont décédées dans les mêmes circonstances, une bousculade survenue au niveau du poste-frontière Bab Sebta.
On est en 2018, c’est inacceptable que nos citoyennes meurent de cette façon. Nos citoyennes méritent mieux que ce traitement inhumain et dégradant. Puisque les autorités ne peuvent prendre leurs responsabilités se contentant, d’un communiqué, d’une enquête sans résultat, des obsèques funéraires aux frais de l’Etat, c’est aux associations de la société civile de rentrer dans le jeu. Aux défenseurs des droits des femmes et des filles de prendre le relais. Aux citoyens marocains de faire pression et rendre la dignité à ces femmes dans un souci de justice et d’humanité. C’est le devoir de tout citoyen digne de pays dit, pays des institutions et des droits de l’Homme.