Elles se sont donné rendez-vous ce jeudi 25 janvier à Rabat, la ville qui a vu naitre leur mouvement. C’est le mouvement des Soulaliyates en référence aux femmes Soulaliyates qui mènent depuis 10 années un combat légitime pour la reconnaissance de leurs droits légitimes à disposer des terres collectives dont elles sont exclues.
Pour clore la caravane des femmes Soulaliyates lancée en octobre 2017 qui a sillonnée plusieurs régions du Maroc, l’Association démocratique des femmes du Maroc, ADFM a présenté, les résultats de cette caravane baptisée « Dialogue et solidarité : caravane des femmes Soulaliyates ».
La salle où s’est tenue cette rencontre était archi-comble. Une autre occasion pour ces femmes Soulaliyates de tous âges, de dénoncer la discrimination et de crier leur exclusion. Selon l’ADFM, plus de 660 femmes ont bénéficié des sessions de formation et de communication « Nous sommes très satisfaites des résultats de cette caravane de sensibilisation .Toutes les femmes qu’on a sollicité ont répondu présentes à notre appel. Parfois nous étions incapables de satisfaire toutes les demandes » a indiqué Saida Idrissi, présidente de l’association. Bien que la caravane a eu un succès n’empêche que beaucoup d’obstacles restent dont on peut citer la circulaire 17-2012 du ministère de l’intérieur qui donne le droit aux femmes de bénéficier, sur un pied d’égalité que les hommes, des cessions des terres collectives, mais qui reste peu ou pas du tout appliquée. La mentalité et la réticence des hommes de la Jemaâ et des Nouabs qui continuent de refuser aux femmes la propriété de la terre « Lorsqu’ils procèdent à un partage de terres à exploiter, les femmes sont automatiquement exclues. Les hommes s’accaparent les terres et se contentent de partager avec les femmes uniquement les fruits » explique Saida Idrisside l’ADFM.
« Nous ne lâcherons rien! »
Toutes les femmes Soulaliyates qui ont pris la parole à tour de rôle revendiquent une loi qui garantit l’égalité hommes-femmes et qui protège les droits des femmes dans les terres collectives » Nos revendications restent les mêmes, à savoir en finir avec cette hogra (mépris). Nos revendications restent inchangées, légitimes car une grande partie de nous souffre encore de la marginalisation et de l’exclusion pour des considérations juridiques et administratives complexes qui ne peuvent se résoudre par la législation en vigueur » dit Rahma qui vient de la région de Meknès.« Il faut promulguer une nouvelle loi digne des enjeux futurs du patrimoine foncier collectif et qui reconnaît l’égalité de fait entre les femmes et les hommes dans tous les droits quelque soit la nature des terres collectives en question » clame Fatna de la région de Kénitra.
Rkia et Menana, pionnières du MS
Lors de cette journée, un vibrant hommage a été rendu à deux femmes par qui arrive le « Mouvement », Rqia Bellout et Menana Shiseh. C’est en 2007 que le mouvement des soulaliyates MS prend naissance. L’Association démocratique des femmes du Maroc accepte de soutenir la cause d’un groupe de femmes de la collectivité des Haddada , Kénitra venues se plaindre de l’injustice qu’elles subissent depuis plusieurs années « A chaque cession de terres, nos frères reçoivent des indemnisations et nous on nous exclues de cet usufruit . J’ai fini par me révolter et demander mes droits» raconte Rqia toute émue. Tout de suite Rqia Bellot se retrouve à la tête des femmes des Haddada. L’ADFM et cette dernière contactent des femmes d’autres collectivités. Peu à peu, l’initiative des femmes de la région de Kénitra se transforme en mobilisation nationale qui revendique le droit de toutes les femmes des tribus du Maroc à bénéficier de la répartition des terres collectives. Dix années après, on les appelle toujours les Soulaliyates, parce qu’elles sont les propriétaires de cette terre, elles y sont nées et tiennent la soulala de père en fils. Dix années après, la lutte continue et certes, elles ont plus que jamais besoin de la solidarité et du soutien de toutes et de tous.