Le rapport présenté aujourd’hui à la presse par l’Union de l’Action Féminine, l’UAF consacré aux violences faites aux femmes est notamment l’occasion de présenter les résultats de l’enquête réalisée par le centre Annajda pour la protection des femmes violentées. Ce rapport glaçant rappelle l’ampleur de ce néfaste phénomène qui ronge notre société.
Ce rapport ne laisse aucune personne présente dans cette salle indifférente. Violences conjugales, violences familiales, violences verbales et physiques dans l’espace public, harcèlement sexuel au travail, viols et agressions sexuelles, mariages forcés tel est le calvaire de ces femmes marocaines qui se sont plaintes auprès des centres Annajda.Enregistrées pour la périodes du 20 novembre 2015 au 20 novembre 2016, 11337 sont les plaintes de femmes battues, maltraitées ou harcelées,soit 96,34 % contre 3,65% de plaintes provenant d’hommes.
Pour les organisatrices de cette journée, toutes les journées du 25 novembre marquant la Journée Internationale de l’élimination des violences faites aux femmes sont des journées qui se suivent et qui se ressemblent. Aicha Loukhmass,présidente de l ‘UAF annoncera amèrement que « Malgré la mobilisation du gouvernement, des pouvoirs publics, des associations de femmes ,malgré les campagnes de sensibilisation , malgré la mobilisation de la société civile, on observe ces dernières années que le cas des femmes maltraitées et violentées est en nette augmentation ».
Des chiffres et des coups !
Ces centres Annajdja éparpillés dans les quatre coins du pays, sont mis en oeuvre par l’UAF pour essentiellement porter secours aux femmes victimes de violences.Bien que les moyens sont réduits,ces centres assurent l’hébergement dans des lieux discrets, la réhabilitation et la réinsertion, l’assistance sociale, juridique, médicale et psychologique des femmes maltraitées. Le rapport trace le portrait de ces femmes et filles, des régions de provenance, du niveau socio-économique et du niveau d’éducation.
L’enquête fait ressortir les agressions physiques qui constituent un taux de 82,35% provenant de maris et 2% provenant d’un ex mari, partenaire, 5,88% provenant des voisins 3,92 d’un milieu du travail ou écoles. 34,59% d’actes de violence parviennent d’hommes exerçant des professions libérales, 31,43% des ouvriers,provenant essentiellement du mari violent sans emploi à raison de 14,50% et analphabète à hauteur de 32,40%, fonctionnaire avec 9,96%,universitaire avec 5,25%.
Les violences psychiques arrivent en premier lieu avec un chiffre de 100%, suivies de violences économiques avec 37,44%, physiques 31,61%, juridiques 23, 52%,enfin sexuelles 7,41%.Tandis que les femmes victimes de violences, 43,08% d’entre elles sont sans emploi et 32,15 % analphabètes.57.25% de ces femmes violentées proviennent de régions urbaines, 19,34 % de régions semi-urbaines et 23,40% sont issues du rural.
L’éradication de la violence faite aux femmes nécessite l’implication effective de toutes et de tous,acteurs gouvernementaux, société civile, médias, secteur privé, citoyennes et citoyens. Seul cette mobilisation de tous permettra l’atteinte de la cible 2 de l’objectif 5 de l’agenda 2030 visant à « Eliminer de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et d’autres types d’exploitation »notera le bureau multi-pays de l’ONU Femmes qui donne ce vendredi 25 novembre le coup d’envoi de la campagne des « 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le genre ».