Le nom et le CV de Mohamed Kohen, chirurgien à Casablanca et d’origine fassie, sont déjà en soi tout un programme de vecteurs opposés. Son premier roman va beaucoup plus loin dans cette voie, éclairant mille et une contradictions, de Fès à Casablanca en passant par Nantes, ciselées par le scalpel du médecin qui a prêté serment.
Un roman à lire d’une seule traite et se laisser agréablement emporter par la tendresse de la plume et la fermeté du bistouri. Tantôt, fondre dans un bloc de glace chavirant aux remparts de l’amour, tantôt se heurter aux contradictions d’un bloc de pierre harponnant la massue de l’adversité. Puis, entre émotion, passion et plaisir, découvrir que ce roman est un baume, un pacte acté intelligemment avec une société schizophrène voguant entre strass, religion, sabre et goupillon… Une société injuste et arrogante, fauve des libertés individuelles… Et l’on reste perplexe, assoiffés, désireux et impatients. C’est ainsi que vint la chute. Un suspens vertigineux et surprenant couronné par un doux tableau, d’une infinie tendresse, une reconnaissance qui damne le pion à la faucheuse. C’est une leçon de vie habile qui a su apprivoiser toute sorte d’alchimie « moléculaire ». Eros, Agape et Philia opèrent. La symphonie commence, le banquet s’installe et l’on retrouve le philosophe. C’est le roman à lire … ici et maintenant…
Qui est Mohamed Kohen ?
Mohamed Kohen est chirurgien en exercice à Casablanca, enfant d’une culture franco-marocaine et modeste dépositaire de ce double héritage qu’il cherche à restituer et à exalter en partie, en écrivant. Il semble trouver dans l’écriture une exultation des énergies positives et la consolation, qu’apportent la musicalité des mots et la profondeur des propos contre les imperfections de la vie. Avec un malin plaisir, il transcrit la spontanéité de l’idée brute pour prendre le futur en témoin du passé déjà mort et du présent qui se meurt. Il écrit pour que la mémoire triomphe du vécu et de l’indifférence et pour que les réminiscences ne se dissolvent pas dans la faillibilité de la mémoire sous la voracité du temps qui coule. Il écrit pour vanter la vie, dénoncer ses travers, conjurer les démons de la solitude et faire coïncider les vœux des amitiés et de l’amour au quotidien. Il écrit pour ne pas oublier.