Ce matin à Rabat, lors de la conférence de presse organisée par deux associations, militant dans les droits de femmes, l’ambiance était triste et morose. Le deuil de « El Hasnae » n’est pas encore fait et justice ne lui est pas encore rendue. Cette jeune fille âgée à peine de 18 ans, a été séquestrée, battue, violée, puis retrouvée morte. Son corps a été retrouvée le 18 novembre dernier au fond d’un puits .Alors, faut-il violer toutes les femmes marocaines pour secouer, gouvernement et responsables politiques et les réveiller de leur léthargique indifférence ?
Le dossier de la défunte El Hasnae est actuellement devant la justice. L’audience prévue pour le 2 janvier a été reportée pour le 30 de ce mois-ci. Plusieurs associations dont la Fédération des Ligues des Droits des Femmes et l’Union des Femmes Libres se sont portées partie civile. C’est la famille d’El Hasnae .qui a eu le courage de porter plainte. Dans cette affaire de viol collectif, quinze autres jeunes filles sont concernées dont quatre ont eu le courage de poursuivre leurs bourreaux en témoignant devant la justice.
Mais auparavant, la mort de cette jeune fille, a suscité une large mobilisation de la société civile, et comme d’habitude les réseaux sociaux à l’appui, ont joué un grand rôle dans la diffusion de l’information. S’en est suivie une large campagne de mobilisation pour dénoncer ces crimes de viol ainsi que des sit-in ont été organisés. Concernant tous les types de violences sur femmes, épouses et filles « C’est l’un des types de violences basés sur le genre le plus humiliant et le plus dégradant. C’est une violation de tous les droits humains des femmes, leur dignité et intimité de leurs corps et sainteté » s’indignent les organisatrices de cette conférence.
Une vidéo troublante
La vidéo de solidarité avec cette jeune femme, qui circule depuis le 20 décembre, a suscité la colère des internautes. Partagée sur la page Facebook de l’UFL, les témoignages recueillis ,sur les actes barbares et criminels ,le viol collectif ,que de feue El Hasnae victime d’inceste en plus a subi, ont soulevé une vague d’indignation devant un silence quasi- religieux des autorités. Le témoignage de la maman, de Hasnae est troublant « Ma fille n’a pas pu supporter ce qu’il lui était arrivé. Elle est partie. S’ils ne l’avaient pas violée elle ne serait pas morte aujourd’hui ».
Parallèlement à cela, l’association a lancé une nouvelle campagne de sensibilisation sur les viols au Maroc sous le slogan : « Combien de femmes doivent encore mourir pour changer les lois ? ».
Ces militantes chevronnées dénoncent également les personnes qui restent indifférentes et impassibles face à ces actes criminels « Notre campagne a pour objectif de faire connaitre le dossier de la défunte et d autres femmes ou filles victimes qui ont vécu ou vivent un viol dans le cadre d’un système intellectuel, culturel et législatif qui ne sont pas capables de trouver un traitement global à la problématique du viol » poursuivent les militantes.
La violence, quel qu’elle soit, n’est justifiable d’aucune façon!
Le projet de loi 103.13 est sans doute le projet qui a fait couler le plus d’encre dans l’exercice de ce gouvernement. A savoir que ce texte a été adopté en mars dernier en conseil de gouvernement, puis en juillet dernier par la Chambre des représentants. Les associations de la société civile et organisations des droits de femmes n’ont jamais cessé de réclamer la révision globale du projet de loi 103/13 et ont toujours revendiqué la criminalisation de toutes les formes de viol et de violences « Ce qui nous incite à continuer de plaider et de faire pression pour un examen complet au sein du comité consultatif pour le projet loi 103/13 et corriger les déséquilibres les plus importants en commençant par la définition incomplète et non claire de la violence contre les femmes, ainsi que la révision de la structure afin que la loi soit compatible aux normes de prévention et de protection et la non soumission à l’impunité »lancent les militantes de l‘ULF et LDDF.
Cependant ces associations spécialisées dans l’accueil, l’accompagnement et l’hébergement des femmes victimes de violences s’alarment du déclin dans le budget qui leur est réservé et le dénoncent « Le budget du réseau LDDF-Injad a chuté de 68% pour les centres d’accueil et d’orientation juridique et de 10% pour le centre des femmes victimes de violences TILILA, d’où absence de soutien, incapacité d’assurer les services d’écoute orientation et accompagnement ».
Ici c’est un autre combat que leur réserve l’année 2017 et que sincèrement ce n’est ni le moment, ni la conjoncture car l’important n’est pas là.