Parler de la sexualité à son enfant est une étape importante dans l’éducation des petits. Mais quels discours tenir pour répondre à l’enfant, sans le choquer ou le bouleverser ?
Parler de la sexualité à ses enfants est un sujet encore tabou dans la société marocaine. Pudeur, gêne ou réponses fantaisistes sont parfois les seules réactions au questionnement de l’enfant. Pourtant, l’éducation sexuelle est un processus continu qui doit démarrer dès le plus jeune âge. Transmise par nos comportements et nos gestes au quotidien, elle est le garant d’une bonne santé psychologique et d’une maturation psycho-affective du futur adulte. Mais dans un contexte où les particularités culturelles persistent, comme la préservation de l’hymen et l’interdiction des pratiques sexuelles hors mariage, les jeunes piochent des réponses sur le web, et particulièrement sur les sites pornographiques. Dans la réalité, les relations sexuelles sont très fréquentes et les grossesses illégitimes également. Ces dernières auraient pu être évitées si les parents n’avaient pas esquivé les questions posées par l’enfant.
Aussi, et selon l’âge de l’enfant, les parents doivent répondre en choisissant les termes adéquats et en adaptant leur discours à l’âge et au degré de compréhension de l’enfant.
Entre 3 et 6 ans
La curiosité sexuelle des enfants se développe vers l’âge de 3 ans. À cet âge-là, les différences entre leur corps et celui de l’autre attirent toute leur attention. Ils s’observent mutuellement, cherchent à surprendre la nudité de leurs parents et posent des questions comme : « Pourquoi les filles font pas pipi debout ? », « Pourquoi maman a des seins ? » et plein d’autres questions auxquelles les parents doivent répondre sans honte ni gêne. Les parents peuvent saisir cette occasion pour expliquer clairement à l’enfant certaines règles de base tel que l’interdit de l’inceste, la pédophilie et d’autres informations nécessaires à l’enfant pour un développement psycho-affectif équilibré. « C’est aussi l’occasion de leur transmettre une image positive et saine de la sexualité. Ne rien dire, ne pas répondre, revient à établir un malaise, une gêne réciproque qui peuvent faire obstacle, plus tard, à une vie sexuelle épanouie », explique Dr Houda Hjiej, pédopsychiatre.
Entre 6 et 9 ans
« Ça veut dire quoi faire l’amour ? » « C’est quoi le spermatozoïde, ça ressemble à quoi ? », « C’est quoi pédé », etc. La sexualité, moins passionnante à cet âge-là, est plutôt abordée dans les cours de récré par des mots grossiers. Aux parents d’aider l’enfant à démêler le vrai du faux, en ayant recours à un langage simple et précis pour répondre à sa soif de connaissances « scientifiques ».
Si une question vous embarrasse et que vous n’arrivez pas à formuler une réponse, dites simplement à votre enfant que vous allez réfléchir à la question pour lui répondre le soir ou le lendemain. Et surtout, tenez parole.
N’oubliez pas de faire le tri dans les programmes diffusés à la télévision. Certaines images peuvent choquer un jeune enfant.
Entre 9 et 13 ans
« Quand est-ce que je vais avoir des poils ? « Pourquoi ma copine a des seins et moi pas ? » « Et s’ils ne poussent jamais ? » « Pourquoi le sang s’écoule de moi ? », « Comment est conçu le bébé ? ». Les premières règles, les poils qui poussent ou la poitrine qui se développe devront servir de prétexte pour que les parents poursuivent l’éducation sexuelle de leur enfant. Inutile aussi de parler de la sexualité de manière crue. L’enfant doit ainsi comprendre que le côté émotionnel et la relation amoureuse sont intimement liés dans une relation de couple et que l’acte sexuel n’est pas une finalité.
Les contes, les histoires d’amour sont un support essentiel pour que l’enfant intègre la sexualité d’une manière progressive et respectueuse, vis-à-vis de son intimité, de son corps et de l’autre.
Entre 13 et 16 ans
Certains adolescents n’osent pas aborder le sujet de la sexualité avec leurs parents, et cherchent des réponses ailleurs, mais pas chez les bonnes personnes. Il est essentiel de ne pas aborder la question de but en blanc ou de prendre l’adolescente entre quatre yeux pour lui expliquer la vie. Ainsi, si un père, d’ordinaire distant, aborde soudainement le sujet du préservatif avec son fils, le message risque de ne pas avoir un grand impact sur l’adolescent. Il est important de saisir le moment opportun pour en parler, comme un documentaire ou une émission de télévision. Le parent peut confier au jeune des ouvrages sur l’éducation sexuelle et lui donner des informations essentielles sur les maladies sexuellement transmissibles ou le Sida.
Par ailleurs, il est souhaitable que ce soit le parent du même sexe que l’enfant qui réponde à ses questions ou engage la conversation. Un homme se sentira plus à l’aise à expliquer les questions sexuelles masculines à son fils qu’une maman et vice versa. Mais si les parents n’osent pas aborder ces questions, il faudrait peut-être songer à demander l’aide d’un proche. L’aide d’un professionnel peut être la bienvenue : un gynécologue pourra répondre aux questions de votre fille.