Révélée en 2013 dans le film Le Noir vous va si bien, la jolie Sofiia Manousha crève l’écran dans Insoumise. La pétillante actrice enchaîne les rôles et prend même les commandes pour la réalisation de son premier long-métrage, Brûle. Entretien.
Vous avez collaboré deux fois avec le réalisateur Jawad Rhalib. Comment se sont déroulés les tournages ?
Jawad a une approche très organique et authentique. Dans 7, rue de la folie, nous avons été isolés pendant toute la durée du tournage. On a vécu dans la ferme dont on s’est imprégnés des histoires et des personnages. Pour Insoumise, nous avons tourné dans les mêmes conditions d’inconfort : pas de plaid, pas de chauffage, pour nous familiariser avec les sensations ; pour être dans “le vrai”. C’est la façon que Jawad a de nous diriger.
Il est à l’écoute et nous laisse beaucoup de liberté, notamment en termes d’improvisation.
Dans vos films, vous êtes toujours la Maghrébine, l’Orientale… Cela ne vous gène-t-il pas d’être cantonnée dans un certain genre de rôles ?
Effectivement, j’aimerais jouer le rôle d’un top model russe, grande, blonde aux yeux bleus mais malheureusement, certains critères physiques pourraient nuire à ma crédibilité (rires) ! Ce genre de question me fait toujours rire. Oui, je joue la fille orientale, mais pas que. Et puis, nous avons la chance d’avoir de très beaux rôles. C’est une fierté pour moi de représenter la figure de la femme maghrébine au cinéma. Le cinéma arabe (libanais, égyptien, marocain) est incroyable et je suis fière de faire partie de ce paysage. Après, je fais très attention à bien choisir mes rôles pour ne pas être dans le cliché de l’arabe de banlieue qui donne une mauvaise image. Mais en général, ce n’est pas à moi que l’on pense pour ce genre de personnages.
Dans quels genres de films aimeriez-vous tourner ?
J’ai envie de tourner dans des péplums historiques, des films en anglais. J’adorerais tourner avec Fatih Akin, Emir Kusturica, Asghar Farhadi et bien d’autres.
J’aurais rêvé incarner Frida Kalho, ou le personnage d’Hillary Swank dans Boys don’t cry.
Je suis attirée par les rôles complexes qui demandent une implication physique et émotionnelle intense. Pas de confort ! Cela me permet de puiser dans mes ressources et de proposer des choses inattendues.
Quel est le rôle qui vous fait le plus rêver ?
Phèdre, Juliette, la guerrière Kahina, jouer une danseuse comme dans Black Swan ou interpréter Bob Dylan comme Cate Blanchett. Romy Schneider, Cate Blanchett, Golshfiteh Farhani… sont mes inspirations.
Quels sont les rôles que vous refuserez d’incarner ?
On ne refuse pas un rôle, on peut en revanche refuser un scénario. Cela ne m’est jamais arrivé, je pense que ça doit être le cas de Marion Cotillard ou Nathalie Portman. Je souhaite que ça m’arrive aussi…
Vous êtes aussi passée derrière la caméra. Parlez-nous de cette expérience…
Je me suis sentie à ma place, étrangement… Je me souviens du premier jour où j’ai dis “action !”, c’était un moment magnifique. J’ai adoré diriger les comédiens. Cela m’a permis de comprendre plus de choses au sujet de l’organisation d’un tournage. Quand on est comédien, on est isolé : entre les prises, on va dans nos loges, on ne vit pas la même histoire que les techniciens. La réalisation m’a permis d’être plus compréhensive quand il y a du retard sur une fin de journée.
Quels sont vos projets ?
Je viens de finir de tourner La chute des hommes avec Cheyenne Caron, une réalisatrice singulière et mystique. Je suis très heureuse d’avoir travaillé avec elle. Le mois prochain, je tourne dans une comédie qui change de mes rôles habituels.
Ce qui est merveilleux dans ce métier, c’est que tu es un personnage différent à chaque tournage, du coup, dans la vie, je suis très tranquille et un peu ennuyeuse (rires).