La communauté internationale célèbre les 16 journées d’activisme de la campagne mondiale contre la violence basée sur le genre cette année sous le slogan «Ne laisser personne de côté ». La coalition « Printemps de la dignité », vient de dresser le bilan gouvernemental lié à la protection contre la violence et la discrimination. Un bilan régressif avec un constat, le gouvernement « a laissé de côté » les préoccupations des femmes marocaines et exclu les revendications du mouvement féministe de son agenda et de ses priorités.
La coalition printemps de la dignité note particulièrement la détérioration de la situation économique des femmes et l’absence de mécanismes de « protection sociale », menant ainsi plusieurs d’entre elles- qui ne cherchaient que de quoi survivre- à une mort certaine. L’intensification de la violence contre les femmes et les filles, la banalisation de la culture de la violence et son acceptation sociale ainsi que la consécration d’une culture d’impunité qui s’aggravent suite à la démission de l’Etat, caractérisée par son incapacité à protéger les femmes et à garantir leur droit à la sécurité et à l’intégrité physique « Le cas du viol collectif de Zineb, la jeune fille handicapée dans un bus à Casablanca, l’agression sexuelle collective de 15 filles abandonnées dont El Hassna qui s’est donnée la mort ». L’ampleur inquiétante que prend le phénomène du mariage des filles mineures qui ne cesse d’augmenter pour atteindre plus de 46.000 cas lors des dernières statistiques officielles de 2014, ce qui constitue une violation flagrante des dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant et du Code de la famille « Le mariage d’une fillette de 12 ans à Tétouan au mois de septembre dernier et qui n’a été stoppé que grâce à la veille des activistes en droits humains de la ville, illustre cette situation » .
Soutenir les victimes, et traduire les coupables en justice.
L’absence d’une volonté politique effective pour mener une vraie réforme législative et institutionnelle basée sur l’interdiction et le bannissement de la discrimination, la criminalisation de la violence, la prise en charge de ses victimes et l’éradication du l’impunité des auteurs « projet de loi n°103-13 relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes, qui a été déférée à la chambre des conseillers et dont l’actuelle mouture n’apporte pas aucune réponses aux problèmes réels et épineux posés avec acuité par le phénomène de la violence et reste en deçà des attentes du mouvement féministe et de défense des droits humains ainsi que des aspirations des femmes marocaines en général ».
Dignité, sécurité, protection, pénalisation !
Dans le mouvement de la lutte permanente pour les droits des femmes et pour une justice sociale, la Coalition appelle à « l’union de toutes les forces démocratiques pour soutenir la lutte pour l’égalité des sexes en droits et dans tous les domaines et pour combattre la violence et la discrimination à l’égard des femmes conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ».
La coalition demande aux responsables à investir dans les femmes et les filles, et ce à travers l’adoption de politiques publiques sensibles au genre et l’harmonisation de la législation nationale avec les conventions internationales et en premier lieu avec la CEDEF. Concernant le projet de loi n°103-13 relatif à la lutte contre la violence, la coalition « demande le retrait du dit projet de la Chambre des conseillers en vue de sa révision afin qu’il garantisse la lutte effective contre les différentes manifestations de la violence et la rupture avec sa culture et celle de l’impunité » .
« Ne laisser personne de côté »
La refonte globale du code pénal et du code de la procédure pénale de façon à ce qu’ils garantissent la protection des libertés individuelles, la dignité humaine des femmes et la sécurité des citoyennes et des citoyens sans discrimination fondée sur le sexe. Et enfin « l’ouverture d’un débat profond et serein autour du système successoral, et qui a démarré avec le chantier de la réforme du code de la famille, et ce afin de garantir le plein accès des femmes aux ressources et aux biens sur un pied d’égalité avec les hommes et ce conformément aux engagements internationaux du Maroc relatifs aux droits de l’homme ».