Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le suicide de Khadija Souidi en 2016, un cas similaire s’est déroulé ce 23 mai. Nassima au seize printemps, s’est donnée la mort par pendaison. Séquestrée, violée, elle est relâchée par ses violeurs après avoir subi tous les supplices. Si on connaît désormais pourquoi cette jeune fille s’est donnée la mort, on ignore, par contre, pourquoi ses violeurs et bourreaux sont libres depuis peu et courent dans la nature.
Et rebelote pour les acteurs de la société civile, association de droits de l’Homme et tout ceux qui se sont portés une fois de plus, volontaires, pour défendre le dossier de Nassima « C’est devenu monnaie courante presque chaque fois qu’il y a meurtre d’une femme ou d’une jeune fille suite à un viol ou à une agression et quand justice n’est pas faite, on est obligé d’intervenir. Concernant le suicide de Nassima, suite à la hogra, nous estimons que la politique d’impunité qui permet aux agresseurs d’échapper à la justice par tous les moyens est totalement inacceptable »
Les faits remontent au mois de janvier 2016. Quatre garçons, tous âgés entre 20 et 23 ans ont intercepté Nassima, qu’ils violeront dans une maison à Sidi Moussa, près de la route d’Ourika, dans la région de Marrakech. La mère porte plainte, un certificat médical à l’appui et la justice suit son court. Cependant, faute de moyen, laxisme, bureaucratie, aucun soutien matériel ou moral n’est proposé à la jeune fille, comme c’est généralement le cas pour les familles, comme celle et à sa famille de la défunte. La Chambre des crimes pénaux de la cour d’appel de Marrakech poursuit les violeurs présumés, mais elle décide par la suite de les relaxer.
L’AMDH: justice doit être rendue
La jeune fille est très mal en point, psychologiquement et physiquement, et il y a de quoi. Pour protester contre cette décision injuste, Nassima a tenté de se suicider à deux reprises en essayant de se jeter du toit du centre social «La Maison des enfants», où elle avait été normalement admise pour recevoir une prise en charge. Une autre fois en ingurgitant de l’eau de javel. La jeune fille finit par se donner la mort par pendaison, en mai dernier.
C’est l’entrée en scène de l’association AMDH qui a rendu publique l’affaire et a décidé de «soutenir la famille de Nassima, de mobiliser des avocats et se porter partie civile». Tout de suite relayé par la presse et les réseaux certainement que toute la société civile va se mobiliser pour Nassima.
Une manifestation s’est déroulée l’année dernière pour demander justice pour Khadija Souidi, une autre victime d’un viol collectif.
Dans sa lettre, l’association réclame la réouverture du dossier et le déclenchement d’une enquête pour définir les responsabilités, le traitement sérieux et transparent de cette affaire, conformément au droit international, le durcissement des sanctions dans toutes les affaires liées au viol, le suivi psychologique et social des victimes et, surtout, le respect de la loi et le traitement de ces cas d’un point de vue judiciaire et non pas social, «la société faisant porter sur elle le poids de la culpabilité».
Tels que nous les connaissons, les acteurs de l’AMDH feront le nécessaire afin que justice soit enfin rendue « Au-delà des lettres déjà envoyées au ministère des Droits humains, au ministère de la Justice et au procureur général, nous faisons le nécessaire pour constituer un plaidoyer plus lourd ».