L’organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme étant “un état de complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de la maladie ou de l’infirmité”. La santé mentale, indissociable de la santé globale, est ainsi définie comme “un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté”. Dans le monde, une personne sur quatre est susceptible d’être atteinte de troubles mentaux. Au Maroc, la dernière enquête sur la prévalence des maladies mentales menée par le ministère de la Santé auprès de 6.000 personnes âgées de 15 ans et plus démontre que 48,9% des Marocains présentent un trouble mental, et les femmes sont les plus touchées (48,5% contre 34,3% d’hommes). Dans le détail, ce sont 25% de la population qui souffre d’un état dépressif, 2% de la population présente une pathologie schizophrénique, 4 à 5% ont une maladie bipolaire…
Le calvaire des proches
Dans cette inexorable descente aux enfers qu’est la maladie mentale, la famille demeure le dernier rempart contre l’abandon, l’injustice et la stigmatisation. Mais que de courage, d’abnégation et de don de soi sont nécessaires pour accompagner ces fils, filles, frères, sœurs, pères ou mères dans ce long voyage dans les ténèbres… En effet, lorsque les troubles mentaux s’installent, beaucoup de familles ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour gérer le malade. L’immense souffrance, le stress, l’incompréhension sont le lot quotidien de ces familles. Et les mots arrivent difficilement à traduire la terrible réalité. « Quand mon fils est tombé malade, nous n’avons plus eu un seul jour de repos. Cela fait maintenant presque 25 ans« , confie cette maman. C’est le cas de toutes les familles. « Depuis 16 ans, mon mari et moi sommes le seul soutien de notre fille. Nous n’avons plus eu un seul jour de vacances. Quand elle a ses crises, elle est intenable. Nous sommes habitués aux nuits blanches… » Et c’est justement pour s’entraider, discuter, créer un débat public autour de la santé mentale que des associations ont été créées, à l’instar d’Amali et de bien d’autres associations qui militent contre la stigmatisation de la maladie mentale, qui pousse souvent les familles à cacher ou à abandonner le malade, et pour une meilleure prise en charge de la maladie.
En ce 10 octobre, journée mondiale de la santé mentale, il est important de rappeler que le combat pour une meilleure santé (mentale) ne se limite pas seulement aux seules infrastructures et ressources humaines, mais aussi aux représentations négatives et à la stigmatisation, car aujourd’hui encore, la communication autour de la pathologie mentale est pratiquement inexistante, et l’éducation sanitaire fait toujours défaut