Le Maroc est aujourd’hui classé 134ème sur 142 pays au niveau des droits des femmes.

Fini le temps des « Miss Bikini » sur les plages de Casablanca, cet été, nombreuses étaient celles qui préféraient se baigner en djellaba, de peur de se faire harceler, insulter ou menacer. Ces derniers mois ont été marqués par des affaires de mœurs à répétition. A Inezgane, des femmes ont été lynchées puis trainées en justice pour le port d’une jupe. Le film Much « Loved », traitant du quotidien des prostituées, a été interdit et a provoqué un tollé. Son réalisateur Nabil Ayouch reçoit régulièrement des menaces de mort et l’actrice principale Loubna Abidar a été agressée et lynchée dans la rue, avant de quitter le pays pour se réfugier en France.

« Le Maroc est régi par une société patriarcale où les idées machistes prédominent », dénonce Ibtissame Betty Lachgar, activiste marocaine cofondatrice de MALI, Mouvement pour les libertés individuelles. Et c’est d’autant plus vrai depuis quelques années, avec le PJD, parti islamiste et conservateur, au pouvoir.Après avoir recommandé en 2014 aux femmes marocaines de quitter leur emploi pour retrouver leur place « naturelle » au sein du foyer et redevenir « les lustres qui éclairent les maisons », le Premier ministre Abdelilah Benkirane a affirmé en 2015 devant l’assemblée parlementaire que « l’épouse est toujours frugale, contrairement à la maîtresse qui revient bien plus cher ». D’après le chef du gouvernement, la première voudrait préserver sa famille et donc l’argent de son mari, alors que la maîtresse prendrait tout.

Dans un contexte où l’infériorité de la femme est légitimée et justifiée par le chef du gouvernement islamiste, s’exprimer en public peut se révéler très dangereux.

Dans ce contexte, 45 Marocaines et Marocains, de tous les âges et de toutes les classes, ont dénoncé masqué.e.s le machisme qui gangrène la société chérifienne.

Alors que Soufyane protège sa mère divorcée du harcèlement, Khadija, 70 ans, n’a toujours pas pardonné à son père de l’avoir mariée à 14 ans, et Mustapha regrette de ne pas pouvoir être ici l’homme qu’il voudrait être.

Des femmes engagées, comme Ibtissame Betty Lachgar ou la metteuse en scène Naïma Zeitan, ont elle aussi e le masque pour dénoncer cette société patriarcale, en solidarité avec celles qui ne peuvent témoigner publiquement, de peur d’être rejetées ou agressées.

Ces histoires, moins difficiles à raconter dans l’anonymat, sont aussi celles de Hind qui ne supporte plus les regards incessants dans la rue, de Jihane, qui veut occuper l’espace public avec la même liberté que les hommes, ou d’Ikrame, qui n’a pas pu déposer plainte contre son père qui la bat. Sarah est excédée de se faire refuser une bière au comptoir et Leila tombe des nues lorsqu’on lui réclame l’autorisation de son père pour obtenir son visa. Mala, lui, se rappelle de sa mère qui lui mettait du piment dans la bouche lorsque, petit, il dansait « comme une femme ». Et Rachid se faisait battre par son père parce qu’il ne marchait pas « comme un homme ».

Cette galerie de portraits s’appelle Macho Mouchkil, parce qu’au Maroc la phrase « Machi Mouchkil ! » (« pas de problème » en arabe dialectal marocain), banalise parfois ces « petits accidents » du machisme au quotidien. Certains portraits seront affichés, avec l’aide de M.A.L.I., dans les rues de plusieurs ville marocaines en 2016.

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