Afin de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs sur les dangers de l’avortement clandestin et la nécessité de dépénaliser rapidement l’interruption volontaire de grossesse, le «Printemps de la Dignité » a organisé à Rabat une rencontre-débat sur l’interruption volontaire de grossesse et son lien avec le code ,intitulée « L’interruption sécurisée de grossesses non désirées est un droit ,pas un crime ».
Au cours de cette rencontre, quatre jeunes femmes ayant subi des grossesses non désirées ont livré des témoignages bouleversants, détaillant leur triste sort. Des témoignages poignants qui n’ont laissé personne indifférent dans la salle. Cependant, le plus poignant est la violence que la société oriente vers elles.
Pour ce débat des spécialistes dans le domain sanitaire,social,juridique et des droits de l’Homme ont interagi à ces témoignages afin de mettre en évidence la souffrance des femmes et la nécessité d’accélérer la réforme globale et radicale du code pénal et du code de la procédure pénale pour protéger les droits et les libertés des femmes.
Lors de cette rencontre, organisateurs, intervenants et participants ont interpellé les décideurs sur:
– Continuer à interdire l’avortement au Maroc, en punissant la femme qui avorte et les praticiens, même s’il s’agit de médecins spécialisés, pour avoir accompli leur devoir professionnel de mettre fin à une grossesse non désirée, ne fera qu’augmenter le nombre d’avortements clandestins, avec tous les risques qu’ils comportent pour l’état de santé des femmes. Elle augmentera également le nombre de bébés et d’enfants abandonnés ;
-Le code pénal marocain perpétue une culture de discrimination basée sur le genre à travers sa philosophie patriarcale, qui est contraire aux droits, aux libertés et à l’égalité pour lesquels le Maroc s’est engagé. Il adhère à un référentiel traditionnel à travers une interprétation inappropriée et incohérente,qui ne donne pas la priorité à la protection pénale des droits et libertés individuels et collectifs des citoyens et des citoyennes ;
-L’approche répressive de la question de l’interruption médicale de grossesse est une approche inadéquate qui a été dépassée par plusieurs pays, y compris des pays voisins du Maroc, et est incompatible avec les engagements internationaux du Maroc dans le domaine des droits humains des femmes, car elle ignore une réalité amère et injuste qui a désespérément besoin de solutions avec une approche holistique qui transférerait les dispositions de l’avortement du Code pénal au Code de la santé ;
-La demande de suppression des articles 489 à 493, formulée par les organisations de femmes et de défense des droits de l’Homme, conformément aux engagements internationaux du Maroc et à la Constitution, et en réponse aux changements qu’a connus le Maroc, favoriserait une citoyenneté à part entière garantissant les libertés individuelles des femmes et des hommes.
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