Moi cet enfant marocain, né hors mariage !

 

Hélas la joie fut de courte durée. La décision de la Cour d’appel de Tanger a cassé le jugement du tribunal de première instance reconnaissant la paternité d’un enfant né hors mariage sur la base d’un test ADN. Qualifié  en janvier dernier d’historique, de courageux et même de révolutionnaire, ce verdict est aujourd’hui décrié et dénoncé par les mêmes personnes, comme acte irresponsable. Une lâcheté humaine mais surtout masculine.

 

C’est tout simplement une double violence, cette non-reconnaissance  et pour la mère et pour l’enfant. Doit-on rappeler l’affirmation de l’attachement du Maroc aux droits de l’Homme reconnus universellement dans toutes les Constitutions élaborées. Et l’article 32 de la Constitution de juillet 2011 qui stipule  « Une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale » .Ce verdict n’est-ii pas une non protection de l’enfant, contre toutes les formes de violences,  de négligences et plus tard d’exploitation.

Doit- on toujours appelé un enfant né hors mariage, un hrami, (bâtard) un fils ou une fille de zina (enfant du péché). A quand doit-on stigmatiser ces enfants et ces mères célibataires à vie, pourtant citoyens et citoyennes de ce pays. Et toutes ces lois et conventions Internationales qu’on ratifie, préservant les droits de l’enfant, garantissant l’intérêt de l’enfant mais qui vers la fin qu’on applique peu ou très mal, préférant se référer, ici dans la cas de cet enfant, au droit de la filiation ou tout simplement, au précepte d’un hadith. Peut-être ces lois et conventions on les garde que pour les enfants qui ne sont pas nés hors mariage. Maintenant aux acteurs oeuvrant dans le domaine des droits des enfants, aux travailleurs des associations de la société civile de s’en charger car l’Etat a déjà condamné cet enfant conçu hors mariage et par ricochet d’autres, à la non constitutionnalité de ses droits et à la protection prévue par les  lois.

Ce jour du 9 octobre, cet enfant lésé par la décision de la Cour d’appel de Tanger, qui ne peut malheureusement aujourd’hui ni parler, ni être entendu, ni défendre ses droits, ni avoir droit à une vie digne, sera la femme et l’homme de demain sur lequel le Maroc mise pour son développement humain.

Cet enfant une fois adulte, aura tout le droit de porter plainte contre ce législateur, qui un jour s’est fié au texte d’un hadith et a dénigré les expertises et analyses scientifiques le taxant d’enfant adultérin, c’est à dire né hors des normes sociales.

Mais ce législateur est-il conscient de la gravité des dégâts qu’il a provoqué envers cet enfant né hors mariage ?

 

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