Addiction : sexe hors contrôle

Accros au sexe, sex-addict, drogués du sexe, obsédés sexuels… Tous ces termes désignent, en fait, une même pathologie : l’addiction sexuelle. Cette maladie, jadis taboue, est évoquée lorsqu’un individu présente certains signes de dépendance sexuelle (partenaires multiples, masturbation compulsive, fréquence excessive et croissante des rapports sexuels, expériences sexuelles multiples, dépendance à la pornographie, etc.) contre lesquels il n’a aucun contrôle.

 

Le sexe est omniprésent dans la vie de l’addict sexuel qui déploie toute son énergie pour satisfaire ses impulsions au péril de sa vie personnelle, affective, psychique, sociale et professionnelle. Paradoxalement, cet excès de sexe ne procure ni plaisir ni extase, mais plutôt de la souffrance.

En fait, l’addict sexuel ne maîtrise pas sa sexualité. Il ne la contrôle pas non plus. Constamment à la recherche du « shoot » libérateur, celui-là même qui l’aidera à calmer ses angoisses et ses tensions, l’addict sexuel s’engouffre dans un véritable cercle vicieux. Son appétit sexuel est constamment en éveil, aussi vorace que boulimique. Mais rien n’arrive à le calmer, sauf cette quête insatiable de jouissances multiples. A cet égard, l’addiction sexuelle est assimilée à un trouble mental, au même titre que certaines dépendances pathologiques.

Besoin irrépressible

L’aliénation au sexe, phénomène dont on parle depuis les années 70 aux Etats-Unis et plus récemment en Europe et dans le monde, trouverait ses origines dans l’histoire personnelle de l’individu, dans certains épisodes traumatisants en lien avec le sexe pendant l’enfance ou l’adolescence. Mais pas seulement. Souvent, les sex addicts sont de grands anxieux et des angoissés qui cherchent, à travers leurs compulsions, à combler un vide, à combattre une dépression, à se décharger d’une trop forte tension intérieure ou encre à compenser un stress excessif. Un cycle de quatre phases installe l’addiction sexuelle : d’abord, la phase obsessionnelle au cours de laquelle l’individu ne pense qu’à « ça », ensuite la ritualisation, une phase connue pour des actes routiniers, préludes à l’acte sexuel. La troisième phase est celle du comportement sexuel compulsif, et enfin, la phase dite de désespoir au cours de laquelle l’addict sexuel ressent du remord et de la culpabilité face à son comportement. Dans les faits, l’addiction sexuelle se traduit par un besoin irrépressible et incontrôlable de passer à l’acte, sans en mesurer les conséquences, parfois dramatiques, sur sa vie conjugale, familiale, sociale ou professionnelle

Les femmes aussi

L’addiction sexuelle se conjugue souvent au masculin, mais les femmes ne sont pas épargnées. « J’ai déjà reçu au sein de mon cabinet des femmes addictes au sexe. Elles souffrent énormément car elles n’arrivent pas à se contrôler et mettent en danger leur santé et leur équilibre émotionnel », confirme Dr Chabach, car au poids de l’addiction sexuelle se greffe le poids des normes sociales. En effet, une femme portée sur la chose, quelque soit la société à laquelle elle appartient, est jugée facile et amorale. Avouer une sexualité débridée pour une femme demeure taboue, tandis que l’hypersexualité masculine est toujours signe de virilité. Et quand l’homme est qualifié de Don Juan, la femme est, pour sa part, taxée de nymphomane. Autrement dit, de malade ou pire encore de vicieuse et dépravée. « Souvent, les femmes addictes au sexe ont subi des abus sexuels pendant leur enfance… », rappelle la sexologue. Synonyme d’un mal être profond, l’addiction sexuelle des femmes se révèle à l’occasion de moments difficiles dans la vie, et s’exacerbe  face à une faible estime de soi, un manque d’amour ou un vide. Le recours à la masturbation compulsive et répétitive permettra alors à la femme d’assouvir son besoin, sans pour autant atteindre la jouissance…
Se soigner demeure alors l’ultime recours pour retrouver une vie normale. Mais, « la conduite thérapeutique est spécifique pour chaque patient car elle est liée majoritairement à l’origine de cette addiction sexuelle », souligne Dr Chabach. Thérapies comportementale, cognitive ou de couple, selon les situations, sont alors prescrites, souvent accompagnées d’une médication à base d’antidépresseurs. La guérison est toutefois possible, mais la personne demeure fragilisée…

 

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