Condamnée à 2 ans de prison pour adultère, la femme d’affaires marocaine Hind El Achchabi a été libérée ce vendredi après avoir purgé la totalité de sa peine. Retour sur une affaire qui a défrayé la chronique.
C’est ce vendredi matin que le calvaire de Hind El Achchabi a pris fin. Condamnée à deux ans de prison ferme pour adultère, la femme d’affaires a toujours clamé son innocence. Pourtant, la justice marocaine n’a jamais cru en sa version des faits.
Août 2016. La nouvelle qui tombe en surprend plus d’un. La patronne de Dalia Air et du magazine féministe Illi est arrêtée pour relations extraconjugales suite à la plainte de son mari koweitien, le diplomate Sadek Marafi. Malgré toutes les garanties morales et financières, Hind El Achchabi est maintenue en prison ainsi que son « amant », l’homme d’affaires Karim Bennani jusqu’au procès.
La peine la plus lourde prévue par la loi est prononcée par la Chambre criminelle de Rabat. Le couple est condamné en première instance à 3 ans de prison ferme. 7 mois plus tard, cette peine est ramenée à 2 ans de prison ferme à l’encontre de Hind El Achchabi tandis que Karim Bennani dont la peine à été ramenée à 7 mois de prison est libéré. Déjà, cette justice de deux poids deux mesures donne à réfléchir, mais là n’est pas le coeur du problème.
Vous avez dit adultère ?
Au moment de son arrestation, Hind El Achchabi venait à peine de donner naissance à son troisième enfant, une petite fille, fruit de son union avec Karim Bennani. Implacable, la justice a suivi sa voie, et a été sourde aux explications de la jeune femme qui a affirmé avoir obtenu son divorce de son mari koweitien avant de convoler en justes noces avec son second époux. Le mariage aurait été célébré au Mali, mariage authentifié ensuite, preuves à l’appui, par un tribunal marocain. Mais plusieurs zones d’ombres ont plané autour de cette histoire. D’abord, l’acte de divorce n’a jamais été produit, car déposé, selon les explications de Mme El Achchabi, dans un coffre-fort dans sa résidence américaine, coffre auquel elle ne pouvait avoir accès du fait de son emprisonnement. Ensuite, les autorités judiciaires ont découvert que Karim Bennani n’a pas mis les pieds au Mali à la date présumée de son mariage avec la femme d’affaires. L’explication fournie est qu’une procuration avait été établie pour une tierce personne pour conclure ce mariage. Par la suite, le diplomate koweitien a même remis en question la paternité de sa seconde fille suite aux tests ADN.
Mais en dépit de la chaîne de solidarité qui s’est constituée autour de l’affaire Hind El Achchabi, aucune remise de peine n’a été possible et aucune grâce ne lui a été accordée !
Aujourd’hui, Hind El Achchabi panse ses plaies et se repose auprès de sa famille et de ses enfants réunis autour d’elle (photos). Dans un communiqué publié ce matin par son avocat Sévag Torossian, ce dernier assure que « plusieurs procédures sont actuellement en cours, au Maroc et ailleurs, afin que toute la vérité soit dévoilée sur les manœuvres inhumaines qui ont conduit à une telle forfaiture. ». Affaire à suivre.