Elles étaient plus de cinquante femmes professionnelles du cinéma, techniciennes, réalisatrices, productrices, auteures, critiques, à se regrouper sur le tapis rouge des marches du Palais des Congrès de Marrakech à l’appel de cinq grandes dames, figures nationales du cinéma marocain et créatrices de la jeune Fondation TAMAYOUZ.
Dounia Benjelloun-Mezian, Farida Benlyazid, Simone Bitton, Lamia Chraibi et Narjiss Nejjar sont en effet à l’origine d’une mobilisation originale, autour d’un projet qui a pour objectif de permettre à de jeunes Marocaines un meilleur accès aux métiers du cinéma, en particulier aux postes de la production et de la réalisation.
Dans un contexte international propice à la mobilisation des femmes dans le cinéma, la Fondation TAMAYOUZ symbolise sereinement les avancées sociétales au Maroc.
C’est à l’occasion du dernier Festival International du Film de Tanger que la Fondation TAMAYOUZ a entamé sa genèse. Le jury du festival, où siégeaient notamment la productrice Dounia Benjelloun-Mezian ainsi que la réalisatrice-documentariste Simone Bitton, avait alors décerné le prestigieux prix de meilleure production à Lamia Chraibi pour ses deux œuvres « Apatride » et « Jahiliya ».
Un tremplin pour les talents féminins
Conscientes des enjeux et des défis propres aux métiers du cinéma et se rendant compte de la pénurie d’acteurs dans le domaine de la production marocaine, ces trois professionnelles engagées décident de constituer une association qui faciliterait l’insertion des femmes dans le milieu cinématographique national.
En outre, elles ont estimé que Farida Benlyazid et Narjiss Nejjar, deux réalisatrices et scénaristes chevronnées, constituaient un choix naturel et logique pour compléter leur trio, au vu de leur implication précoce et durable dans le monde du cinéma marocain et de leur militantisme pour les causes sociétales et notamment féministe.
« Notre Fondation a pour ambition d’offrir à de jeunes talents féminins le tremplin nécessaire afin d’atteindre un niveau d’expertise pointu et une visibilité accrue sur la scène nationale et internationale » déclare Dounia Benjelloun-Mezian. « Nous souhaitons que l’impact de TAMAYOUZ se mesure rapidement par une participation féconde de créatrices et de productrices marocaines dans l’espace audiovisuel de notre pays autant que dans les festivals internationaux, afin que les récits contemporains de notre région puissent rencontrer le public mondial ».
Le bon fonctionnement de TAMAYOUZ reposera sur deux principes essentiels, à savoir la diversité des sources de financement, garante de son indépendance, ainsi que la transparence du processus d’octroi des aides et des subventions. Plus largement, TAMAYOUZ souhaite promouvoir le mécénat et l’investissement à long terme dans le cinéma, en contribuant à la mise en place de mécanismes de financement, efficients et pérennes.
Coup de pouce aux potentialités marocaines
« En termes de communication, la Fondation TAMAYOUZ occupera en permanence une posture de transparence auprès des donateurs et du public. Elle sera toujours prête à communiquer sur le bon déroulé des appels d’offres, la composition et les avancées des commissions, ainsi que sur les résultats obtenus » insiste Lamia Chraibi. « Nous voulons ainsi encourager les fonds privés, possiblement éloignés du monde du cinéma, à apporter une valeur ajoutée au milieu culturel mais aussi à l’éducation car les deux notions sont intrinsèquement liées. Les grands groupes privés marocains et internationaux seront ainsi particulièrement sollicités par la Fondation en vue de promouvoir les richesses et potentialités nationales ».
Quant au secteur public, TAMAYOUZ plaide pour un accès équitable, transparent et responsable aux ressources destinées à la création artistique en général, et cinématographique en particulier. La Fondation en fait un volet essentiel de son action à travers une adresse officielle aux institutions étatiques pour la mise en œuvre de politiques garantissant la parité et l’équité, en veillant à ce que toute discrimination à l’égard des femmes puisse être corrigée.
Les cinq fondatrices s’accordent en effet à dire que les femmes occupent d’ores et déjà une position forte dans le secteur national de la production avec une capacité à accompagner leur projet avec engagement et bienveillance. Elles constatent cependant une présence insuffisante de leur part dans les métiers de la réalisation et de la création scénaristique.
Ce constat a servi d’impulsion à un des nombreux projets de la Fondation TAMAYOUZ, à savoir la création de binômes de productrices et de réalisatrices aptes à cogérer sereinement et en toute indépendance des productions cinématographiques d’envergure.
La Fondation facilitera par ailleurs l’inscription de jeunes talents dans différentes résidences de formation à l’international telles que Sundance, Torino film lab, Rawi, Tribeca, la Fabrique du Cinéma du monde…
La Fondation ambitionne également d’offrir dès l’année 2019 une bourse d’étude sur 4 ans à une ou plusieurs candidates bachelières admises à l’école Supérieure des Arts Visuels de Marrakech (ESAV). En outre, Lamia Chraibi s’engage personnellement à encadrer la réalisation de cinq projets dans une perspective de « mentoring » articulée autour du métier de la production. Cet accompagnement sera aussi complété par l’attribution d’une aide au développement et à la post-production pour des projets portés par des femmes. Par le biais de ces initiatives, la Fondation TAMAYOUZ espère ainsi marquer l’avènement d’une nouvelle ère salutaire pour les talents marocains et pour le cinéma national.