La galerie Fan-Dok a réouvert ses portes. Un accrochage des oeuvres d’artistes (tels que Benmoussa, Zerrou, Dibaji, Abdous, Drissi, Yamou, El Kahfai, Ahlam Lemseffer, Yasmina Zyat …) que vous pouvez admirer du lundi au samedi de 10h à 19h30. Hakima Lebbar, l’artiste et la galeriste nous parle de cette exposition et des oeuvres exposées.
« Pièces choisies », exposition du déconfinement, pourquoi un tel titre ?
Hakima Lebbar : Parce que toutes les œuvres exposées ont été choisies une à une avec beaucoup de soin. Passionnée par l’Art, cela fait près de 25 ans que je réalise des expositions individuelles et collectives et les œuvres présentées aujourd’hui sont des pièces choisies dont les provenances sont diverses : quelques unes proviennent de ma collection personnelle , une collection vivante et donc qui s’enrichit et se renouvelle ;d’autres sont pour moi des œuvres majeures, elles ont été celles qui ont motivé la réalisation d’une exposition individuelle d’une ou un artiste lors des expositions individuelles, l’artiste qui expose laisse contractuellement une œuvre à la galerie, cette pièce est choisie en amont de la réalisation de l’exposition, ces dernières années, j’ai surtout réalisé des expositions thématiques collectives et certaines œuvres proviennent de ces expositions et dans mes investigations à la recherche de nouveaux talents, je me suis rendue dans les ateliers de quelques artistes pressentis et je repérais 3 ou 4 œuvres.

Ce sont toutes ces « pièces » choisies qui sont aujourd’hui exposées à la galerie ?
Hakima Lebbar : J’avais prévu cette exposition de pièces choisies fin mars dernier et je commençais à réfléchir à la scénographie un peu tous les jours affectant les œuvres à un mur donné, les laissant reposer jusqu’au lendemain (parfois plus) pour voir si ma proposition prenait vie ou pas. Et ainsi commençait le dialogue entre les œuvres dans l’enceinte de chaque mur et le dialogue des murs entre eux. Les peintures allant d’un mur à l’autre jusqu’à trouver leur juste place. Juste place car il s’agit non seulement de ne pas faire d’ombre aux œuvres voisines et aussi de dialoguer avec elles (le dialogue peut être houleux aussi). La problématique de cet accrochage peut être résumée ainsi : Comment vais-je faire coexister des forces formidables et en même temps permettre à chacune de trouver tout son éclat dans une cohérence et une puissance esthétique générale pour une histoire racontée dans un libre parcours des yeux ?

Et le corona est arrivé …?
A la galerie Fan-Dok, je n’ai pas la liberté que permettent les grands espaces muséaux, et pour cette exposition j’ai choisi de faire coexister les œuvres dans une grande promiscuité en exploitant les plages murales du sol au plafond ou du plafond au sol. J’étais installée dans ce bouillonnement depuis quelques jours quand le corona est arrivé et m’a obligée au confinement. J’ai essayé de retourner à la galerie, plusieurs fois mais je n’y arrivais plus, je n’étais plus « habitée ». Sauf que certaines œuvres, elles, m’ont habitée. Et c’est ainsi qu’elles m‘ont suivie à la maison et j’ai réalisé une exposition du confinement à mon domicile. Ainsi un échange (auquel je n’avais pas du tout pensé) s’est fait entre la galerie et la maison et ma collection s’est renouvelée spontanément.

Ce sont des chefs d’œuvres avec lesquels vous avez vécu de longues années qui sont sur les murs de la galerie ?
L’exposition présente des œuvres de Drissi, Yamou, Benmoussa, Ahlam Mseffer, Hassan Echair, Mohamed Nouiri, Rita Alaoui, Amina Benbouchta, Dibaji, Anas Bouanani, Ahmed El Amine, Abdous et bien d’autres.Parallèlement à la mezzanine de la galerie, s’est logée une magnifique exposition de lithographies et gravures grandes et petites, rares et moins rares. Une exposition qui parcourt un peu l’histoire de la peinture au Maroc avec Glaoui, Ben Seffaj, Malika Agueznay, Mekki Meghara, Meliani, Miloud, Fatema Hassan, Habbouli, Moa Bennani, Qotbi, Binebine, Yamou, Benjkan, Bouhchichi, Hassan Echair, Safaa Erruas et bien d’autres.
Et en bas une jolie promenade continue l’histoire de cette exposition. L’exposition se tiendra du 4 juillet au 4 octobre 2020. Etant donnée la pandémie du coronavirus, il n’y aura pas de vernissage et des RV peuvent être pris pour des visites commentées privées avec le respect des règles contre le coronavirus.
Lire aussi : Les tisseuses de Taznakhte, gardiennes des traditions et du folklore
Lire aussi : Hakima Lebbar parle de Fatéma Mernissi