La Coordination féministe pour la refonte du Code de la famille, a pris connaissance des déclarations de M. Benkirane, qui remettent en cause un droit fondamental des filles : leur droit à l’éducation et le droit au travail, en affirmant que le mariage constituerait leur unique issue.
Ces propos traduisent une vision profondément rétrograde et archaïque, ouvertement hostile aux droits des femmes. Ils émanent d’un responsable politique, ancien Chef du Gouvernement, qui, par cette posture, tente misérablement de saper les fondements de l’État moderne, de nier les institutions, les lois, les budgets colossaux consentis pour l’accès des filles à l’éducation, ainsi que l’ensemble des acquis et des avancées patiemment construits grâce aux efforts conjugués de l’État et des diverses forces nationales de tous horizons politiques et intellectuels.
Des propos hostiles ,dégradés et enfonçants!
Cette conception dénaturée des rôles des femmes et cette prétention à exercer une tutelle intolérable sur leurs choix, révèlent la faillite intellectuelle et morale de leur auteur, lequel semble miser sur la perpétuation de l’ignorance et de l’analphabétisme parmi les femmes, pour tenter de faire survivre des conceptions dépassées par la réalité et les aspirations de la société.
Au-delà de l’offense grave qu’elle constitue envers les femmes marocaines, cette déclaration encourage des pratiques préjudiciables telles que le mariage précoce et l’exploitation des mineures. Elle relève d’un acte manifeste de violence symbolique et d’incitation publique à la discrimination. Elle contredit frontalement les engagements internationaux du Maroc en faveur des droits des femmes et de leur autonomisation, en particulier l’égalité d’accès à l’éducation et la lutte contre la déperdition scolaire.
Des propos contradictoires avec la Constitution 2011!
Ces engagements , sont consacrés par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la Convention relative aux droits de l’enfant, ainsi que par les Objectifs de développement durable auxquels le Maroc a souscrit, notamment les objectifs 4 et 5.
Par ailleurs, les propos de M. Benkirane sont en totale contradiction avec les principes constitutionnels d’égalité et de non-discrimination. Ils ignorent l’article 31 de la Constitution, qui prône l’exigence de mobiliser toutes les ressources disponibles afin de garantir à chaque citoyenne et citoyen, sur un pied d’égalité, le droit à une éducation moderne, accessible et de qualité ainsi que l’obligation faite à l’État et à la famille d’assurer ce droit fondamental consignée dans l’article 32.
L’éducation,droit inaliénable pour les filles et garçons!
Elle constitue un levier essentiel pour accéder à l’ensemble des autres droits, notamment celui de fonder une famille stable et épanouie, basée sur le respect, la justice et l’égalité des droits et des devoirs.
En conséquence, et face à la violence et à la discrimination que véhiculent ces propos à l’encontre des filles et des femmes marocaines, nous appelons l’État à assumer pleinement sa responsabilité et à refuser toute complaisance à l’égard des discours qui nient les droits et acquis des femmes et cherchent à instrumentaliser ces prises de position à des fins politiques.
Un Appel à Toutes et Tous pour une société démocratique !
Nous réaffirmons, au sein de la Coordination féministe, l’importance d’une mobilisation collective et d’une vigilance constante pour contrer toutes les idéologies qui puisent dans les époques d’oppression et de ténèbres, et qui visent à priver les femmes de leurs droits, à les maintenir dans l’ignorance et à les soumettre à une mentalité patriarcale qui s’acharne à inventer des obstacles à leur liberté et à leur autonomie.
Nous invitons les parents à veiller à l’éducation de leurs filles et à les soutenir dans la poursuite de leurs études, car l’instruction, au-delà du développement des compétences intellectuelles et cognitives, favorise l’autonomie économique, protège contre la violence et la dépendance, et améliore durablement la vie personnelle et familiale des femmes.
Enfin, nous en appelons aux élites politiques, culturelles et à toutes les forces éprises de liberté et d’égalité, pour condamner avec fermeté de telles prises de position, qui portent atteinte non seulement aux droits des femmes, mais aussi au projet d’une société démocratique et moderniste à laquelle nous aspirons tous et toutes.