On ne choisit pas de tomber amoureux. Le choc amoureux peut survenir, tel un ouragan, balayant tout sur son passage, nous plongeant dans le tumulte des sentiments.
L’amour est fortement présent dans la littérature arabe et amazighe, dans les contes et les chants. Au quotidien, dire “tan-habbek” arrive difficilement à franchir les lèvres des amoureux qui lui préfèrent “je t’aime” en français. En fait, quand il s’agit d’amour, le dialecte marocain, jugé par certains rugueux et abrupt, tourne à la dérision ce mot. Pire encore, dans l’imaginaire collectif marocain, être amoureux renvoie de façon inconsciente à la folie “Tsatta”, à la perte de la raison, de la maîtrise de soi… Dire “Tanhmak âlik” à l’élue de son cœur atteste bien de cette démence passagère.
L’être humain est programmé pour tomber amoureux. Mais quelles sont les raisons qui font que “parce que c’était lui, parce que c’était moi ?”, en paraphrasant Montaigne. La réponse serait chimique. La neuroscience et la neurobiologie assimilent même l’amour à une drogue douce qui plonge celui qui en est atteint dans un tourbillon de plaisir, de désirs, de délires et de fantasme. Les amoureux sont sur un petit nuage rose. Cupidon a frappé. Plus prosaïquement, la science explique ce sentiment par l’activation de certaines hormones dans le cerveau, comme les endorphines et les dopamines alors que d’autres zones, associées au sens critique et aux émotions négatives, sont mises en veilleuse, confirmant par là, le fameux dicton “l’amour rend aveugle”.
Cet état d’extase peut aussi se muer en un amour durable quand le couple choisit de se concentrer sur les qualités du partenaire plutôt que sur ses défauts. C’est cette évolution du sentiment amoureux qui permet à l’espèce de se perpétuer tout en préservant les liens entre les parents… L’amour peut effectivement faire des miracles, mais à condition de le nourrir et de l’entretenir.
« La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve, et vous aurez vécu si vous avez aimé », écrivait à juste titre Alfred de Musset en 1932 dans “À quoi rêvent les jeunes filles en fleur ?”. Aimer, c’est aussi accepter l’Autre, et en ces temps d’intolérances meurtrières, ce mot magique peut sauver l’humanité.