Dans l’une de ses enquêtes, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a donné des pistes concernant la solidarité familiale vis-à-vis des personnes âgées. On apprend ainsi que dans leur grande majorité (52%), les personnes âgées vivent avec des membres de leurs familles. Seuls 6,8% des Marocains de plus de 60 ans vivent seuls. Dans cette enquête, on apprend aussi que les Marocains subviennent à une grande partie des besoins financiers de leurs parents, même lorsqu’ils n’habitent pas avec eux : 77,5% des sondés déclarent recevoir régulièrement une aide matérielle des membres de leur famille, sous forme de dons en nature ou en espèces. Cette aide matérielle est vitale pour les séniors car seuls 16,1 % bénéficient d’une retraite. 86,7 % des personnes âgées de plus de 60 ans ne disposent d’aucune assurance maladie
Des échanges intergénérationnels
Faut-il en déduire cependant, que les personnes âgées sont un fardeau pour leurs proches ? La réponse doit être nuancée car dans beaucoup de cas, nos aînés apportent, à leur façon, une contribution à la vie familiale, comme par exemple s’occuper de la maison et des travaux domestiques ou garder les petits-enfants. C’est ainsi que 46,9 % de ces personnes âgées fournissent une aide en nature ou en espèce à leur famille. Un autre chiffre d’importance : 82,7 % des personnes âgées sont consultées par les membres de leur famille.
Les mutations sociétales ont, cependant, porté un sacré coup à l’esprit communautaire, et la place des personnes âgées se trouvent compromises surtout lorsqu’elles deviennent dépendantes et ont besoin d’aide et de soutien. Aussi, et même si l’on répète à l’envi que l’action publique ne doit pas remplacer la famille, il n’en demeure pas moins que des outils d’accompagnement, mis en place par l’État, sont la clé de voûte pour la construction d’une société où toutes les générations peuvent cohabiter et où le 3ème âge continuera à jouir de bonnes conditions de vie.
Solitude et isolement
En effet, un autre spectre guette les personnes âgées. C’est celui de la solitude. 60% des personnes sondées au cours de l’enquête menée par le HCP souffrent de solitude et d’isolement. Le manque de centres sociaux, d’activités de loisirs rend leur quotidien sans intérêt et c’est l’une des raisons qui expliquent que ces personnes sont dépressives et ont des tendances suicidaires.La stratégie nationale pour les personnes âgées apporte certaines réponses à ce mal de vivre. Ainsi, il est question d’une participation de ces personnes au développement. La reconnaissance de leur contribution sociale, économique et culturelle vient renforcer cette approche. Parmi les autres solutions préconisées, il y a lieu de signaler la lutte contre la marginalisation de ces personnes en milieu rural, l’intégration des migrants et déplacés âgés dans leur nouvelle communauté, l’accès à l’éducation, la formation et la reconversion tout le long de la vie, le renforcement de la solidarité intergénérationnelle (former les jeunes pour accompagner leurs proches âgés et les aider convenablement à mener leur vie), l’atténuation de la pauvreté de ces personnes, l’amélioration de leurs revenus (garantie d’un revenu minimum), etc. Les idées sont là, mais le temps presse et nos séniors méritent bien de vivre, jusqu’à la fin de leurs jours, dans la dignité et le respect.