Lire à la plage, pourquoi pas ? Aux Sables d’or à Harhoura, un jeune homme vous accueillera tous les jours de la semaine, et vous présentera son stand « mini-bibli ». De la bande dessinée au roman policier en passant par des nouvelles, des recueils de poésie, des livres photographiques, des romans jeunesse. Ce sont plus d’une centaine de livres que vous pouvez emprunter gratuitement, le temps d’une journée. Généreuse idée offrant lecture et farniente et à consommer sans modération.
Les livres de Ahmed Farissi ne sont ni à vendre ni à acheter mais tous les visiteurs de cette plage pourront les emprunter en laissant une simple pièce d’identité. « La lecture est ouverte à tous et sans inscription. Le prêt n’est valable que pour la journée mais pour les habitués de cette plage, ils pourront réserver le même livre, ceci est faisable », nous explique ce jeune homme, étudiant à la faculté de médecine à Rabat, plagiste l’été, qui dès que quelqu’un manifeste un intérêt pour ses livres, il laisse tout tomber et va lui montrer tout heureux, sa collection. « Il y a la philosophie grecque, les fondamentaux, la mystique avec Rumi, Durkheim, la littérature russe (Tolstoi, Dostoievski), des grands nom français, des romans, des essais, des BD pour enfants. Mais un petit rappel de Ahmed semble nécessaire pour les visiteurs de son stand « Je rappelle à mon interlocuteur que c’est gratuit, ça ne se vend pas et ça ne se loue pas. Je tiens à mes livres comme à la prunelle de mes yeux. Après des années d’assistanat parentale et en parallèle à mes études en médecine rémunérées à 110 dhs par mois et ayant pris conscience de la nécessité de ne plus demander aux parents, une seule solution s’offrait à moi, le travail. Ces dernières années, j’ai un peu tout fait, vendeur de figue de barbarie, de pastèques, éleveur de lapins néo-zélandais, de chiens de race, et là, je suis plagiste », informe Ahmed en évoquant son parcours dans campusmag.ma.
Au travail dès 6 heures du matin
Souvent à l’ouvrage dès six heures du matin, il est le premier à voir la mer dans son état incivique, une plage parsemés d’ordures. « Les coupables? Ces gens qui n’intègrent toujours pas qu’après avoir mangé un biscuit, on doit jeter l’emballage dans une poubelle. Je joue pendant 15 min à l’agent de propreté. ‘’Moul zbel’’, voilà un métier noble, quoi de plus noble que de ramasser l’impureté des Hommes’´ dira -t-il.
Un petit déjeuner rapide, voilà son stand de livres en place pour les quelques matinaux, qui sont devenus avec le temps des amis « Ma journée de plagiste peut commencer. Elle ne s’arrêtera qu’à 19h. Pendant ce temps-là, je loue des parasols à 20 dhs ».
Mais en ce beau jour d’été, il n’y a pas forcément foule sous les parasols un livre à la main, les plagistes restent sur le sable avec leurs smartphones, tablettes ou dans l’eau. »C’est vrai que mon stand rencontre moins de succès que le vendeur de « Markiz » mais j’ai de plus en plus de visites, et le bouche-à-oreille fait son effet. C’est à moi d’interpeller les gens et de les inviter au stand », souligne notre futur médecin.
Si demain vous êtes sur cette plage et si vous avez oublié d’apporter un live, le stand « mini-bibli » de Ahmed Farissi sera heureux de vous offrir une pause lecture entre baignades ou séances de bronzage. Une occasion pour les amoureux et férus de livres, et de lecture de rattraper le retard accumulé pendant l’année.