Le Maroc compte près de 12 000 hammams. Et les Marocains adorent le hammam, ils y vont au moins une fois par semaine. Cependant les consommateurs savent-ils que ces lieux publics et collectifs, partie de notre patrimoine culturel, ne cessent de s’accroitre et la demande en bois de feu ne cesse de croitre, accentuant ainsi le phénomène de la déforestation, de la dégradation des écosystèmes au Maroc ainsi que de la consommation énergétique?
L’Agence Marocaine pour l’Efficacité Energétique, AMEE, tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène .La consommation totale en bois énergie représente 11,3 millions de tonnes par an dont 6 millions de tonnes proviennent de la foret, soit 53% de la consommation nationale. Pour informer et sensibiliser à ce phénomène l’AMEE a organisé à Rabat, en collaboration avec les propriétaires et exploitants des Hammams publics un atelier sous le thème “Promotion des chaudières améliorées et utilisation des résidus bio massiques au niveau des systèmes de chauffage des hammams publics”. Cette rencontre a permis d’initier le débat et d’échanger sur les bonnes pratiques d’économie d’énergie et de bois de feu dans les hammams publics.
La biomasse salvatrice de nos forêts
Afin de palier à la pénurie de cette ressource naturelle, la recherche d’autres alternatives au bois de feu ainsi que l’amélioration de l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage ont été proposées « Avec l’adoption des chaudières améliorées ou avec bruleur intégré, ces dispositions peuvent contribuer à augmenter le rendement de total à 40% . Quelques systèmes de chauffage à base de bruleurs à biomasse sont déjà opérationnels au niveau d’un certain nombre de hammams, et ont été évalué sur le plan énergétique avec succès » a expliqué Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE. La mobilisation du potentiel en déchets et sous produits organiques que recèle notre pays contribuera sans doute à réduire la pression sur le bois à énergie « Les grignons d’olives dont le Maroc recèle un grand potentiel , ainsi que d’autres résidus et déchets organiques, les écorces d’arganier, les coques d’amandes etc. constituent des solutions alternatives au bois de feu, présentant des opportunités sur les plans énergétiques et environnemental . Cela va à la préservation de nos écosystèmes forestiers tout en assurant un approvisionnement durable en combustible du secteur des hammams avec des couts raisonnables » a ajouté le directeur de l’AMEE . A noter que actuellement de nombreuses entreprises commencent à se positionner sur le marché de la biomasse au Maroc (collecte, traitement, synthèse et commercialisation des combustibles bios massique).
L’appel de Khadija Kadiri !
Après avoir exposé son expérience réussie avec le hammam à chaudière améliorée, et l’utilisation de la biomasse en tant qu’énergie, Khadija Kadiri, présidente « Coopérative pour hammam traditionnel et écologique » qui selon elle , a réalisé une économie en bois par rapport aux chaudières traditionnelles qui dépasse les 50%, un rendement énergétique moyen de 69% contre 28 à 40%, une réduction importante en émission CO2 dans les fumées rejetées . Mais c’est son SOS adressé à l’ensemble des propriétaires des hammams surtout les traditionnels ,qui sont les plus grands consommateurs en bois de feu, en eau , et pollueurs de l’environnement qui a ému la salle « Je demande à tous les propriétaires de hammams traditionnels de se convertir à la biomasse et à la chaudière améliorée ,ce système ne fera perdre aucunement la popularité de nos hammams. C’est pour préserver ce patrimoine ancestral ,pour la préservation de nos forêts, pour notre environnement , nos enfants, pour aussi la santé des « Fernachis », ces hommes qui s’occupent des chaudières que je lance cet appel, je ne vais pas baisser les bras et mon combat continuera »
Durant cette journée de sensibilisation, quelques cas de hammams utilisant le système de chauffage à biomasse, bruleur, chaudière, présentant beaucoup d’avantage par rapport à la chaudière traditionnelle, en économie d’énergie, en gain financier, en CO2 évitées ont été présentés au public
Si cet atelier de sensibilisation aux bonnes pratiques d’économie d’énergie dans les hammams publics (solutions alternatives et opportunités sur le plan énergétique et environnemental), reste à savoir si tous les propriétaires et exploitants des hammams ont les moyens financiers pour s’acquérir ces nouvelles installations et cette technologie, ce qui apparemment n’est pas le cas pour un ensemble présents à cette journée hammams durables.