Le Centre Batha, un SOS pour femmes violentées (Interview)

Le Centre Batha, un SOS pour femmes violentées (Interview)

Le modèle du Centre multifonctionnel Batha  à Fès pour l’autonomisation des femmes victimes de la violence basée sur le genre a été élaboré par l’association IPDF, Initiatives pour la protection des droits des femmes avec l’appui de l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la Population. Ce modèle construit en corrélation avec les lignes directrices mondiales relatives au paquet de services essentiels, a été présenté lors d’une rencontre à Rabat. Ilhame Ouadghiri, Présidente de l’association IPDF nous parle de ce travail de 9 ans de pratique et d’intervention auprès de femmes victimes de violence. Interview

 

Le centre Batha offre un espace d’accueil et de soutien aux femmes et filles victimes de violence. Quel genre de  prestations fournit ce centre ?

Le centre Batha a été crée dans le cadre du programme de lutte contre la précarité l’INDH, Initiative Nationale du Développement Humain. Ce centre qui a officiellement été inauguré en 2009 , accueille annuellement quelques 1000 femmes victimes de la violence de genre dont la précarité  et donc l’arrivée au centre, est provoquée par des formes de violences sociales, affectives et physiques visant à imposer des normes sexospécifiques, conjuguées à une situation de pauvreté ce qui nécessite une réponse complexe et des interventions intersectorielles. Le Centre Batha offre aux femmes et aux filles victimes de violence domestique, familiale et sexuelle une réception, une écoute active, un soutien psychologique, une assistance médicale et un hébergement. Elles peuvent être accompagnées par du personnel externe ou interne du centre, des membres bénévoles de l’association IPDF et divers services externes impliqués dans la chaîne de service du centre.

Donc, la structure rejoint totalement la mission et les objectifs de votre associations  IPDF ?

Oui tout à fait. Si l’INDH a constitué une opportunité pour la création  du centre Batha, sa  mise en place est guidée par la mission et les orientations de notre association comme la mise en oeuvre de l’égalité entre les sexes dans les textes et dans les faits, via la défense des droits universels des femmes. Nos objectifs s’articulent autour de l’élimination de toutes formes de violences et de discrimination à l’égard des femmes conformément aux conventions et chartes internationales ; la promotion de la situation socio-économique des femmes et le renforcement de leurs capacités ; l’adoption de l’approche genre comme outil de planification entre les différents acteurs ;l’incitation à la pleine participation des femmes à la prise de décision dans la vie politique; et puis le respect des droits à  la santé sexuelle et reproductive.

La rencontre organisée ici à Rabat sous le slogan « Les femmes survivantes actrices de leur changement » dépasse le fait que vous êtes un simple prestataire de services, mais montre que vous avez un rôle d’influenceur des acteurs étatiques ?

Cet ancrage de notre association et son appartenance à un référentiel clairement défini et à un mouvement pour les droits des femmes nous guide dans son choix de capitalisation permanente sur l’existant au lieu de réinventer la roue encore et encore . Notre positionnement est clairement défini par l’importance de la conformité aux définitions, guides d’orientations, principes et lignes directrices onusiennes et notamment au paquet de services sociaux essentiels pour les femmes et les filles victimes de violence telles définies pars l’UNFPA. Le rôle que doivent jouer les usagères du Centre  en tant que actrices du changement tant aux niveaux individuel que collectif ; l’exigence de la politique de confidentialité et enfin la valeur ajoutée que les nouvelles pratiques capitalisées ont apporté dans un souci de mieux servir les usagères du Centre dans leur processus d’autonomisation.

Via cette rencontre nous souhaitons partager à la fois cette expérience avec les différents acteurs concernés et influencer les pouvoirs politiques afin que les orientations onusiennes leur servent de repères et d’éléments de cadrage et qu’ils prennent en considération les bonnes pratiques du Centre Batha dans leur projet de cahier de charge.

 

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