Les grains de beauté ne se transforment que très rarement en mélanome, le plus redoutable des cancers cutanés. Le risque de transformation est de 1/7000 pour un naevus banal, il est multiplié par 80 lorsqu’il s’agit d’un naevus atypique, par 100 à 400 lorsqu’il existe en plus un antécédent de mélanome chez un membre de la famille. Parmi les autres facteurs de risque : l’exposition solaire, les machines à UV, les peaux blanches surtout rousses. Le risque de transformation d’un naevus congénital est de 5%, suffisamment important pour justifier une ablation préventive. Au Maroc, et plus généralement en Afrique, le siège de prédilection des mélanomes est la plante des pieds et le risque de transformation maligne des grains de beauté diminue à mesure qu’on monte des pieds vers la tête. Il est donc exceptionnel, au Maroc (contrairement aux pays nordiques), qu’un naevus des parties supérieures du corps se transforme en mélanome. Mais quelque soit la partie du corps, ce risque augmente si le grain de beauté subit des irritations répétitives (ceinture, soutient gorge, chez l’homme le grain de beauté peut être mis à rude épreuve à cause du rasage quotidien…). Le nombre élevé de naevi (plus de 50 par individu) est également un facteur de mauvais pronostic.
Et quand faut-il s’inquiéter ?
Certains signes d’alerte doivent attirer l’attention sur le risque de transformation maligne. On peut s’en souvenir grâce à la règle ABCDE : A = asymétrie des contours (droit/gauche) du grain de beauté ; B = bords irréguliers ; C = couleurs multiples (noir, grisâtre, brun, rouge) ; D = diamètre (supérieur à 6 mm) ; E = évolution (rapidité du changement d’aspect). Aussi, si on note sur un naevus un ou plusieurs de ces critères, cela doit inciter à consulter son médecin, et le cas échéant à les faire enlever.
Que faire si on désire enlever son grain de beauté ?
Le dermatologue est tout à fait apte à réaliser l’ablation des petits grains de beauté. Mais quand ceux-ci dépassent un certain diamètre et/ou siègent dans une région délicate (paupière ou aile du nez par exemple), le recours à un chirurgien plasticien est souhaitable afin de minimiser les cicatrices disgracieuses. Quand le grain de beauté n’est pas inquiétant et que le patient désire quand-même l’enlever (souci esthétique), il faut réaliser une ablation totale sans laisser des cellules naeviques et l’analyser impérativement.
Prévention :
Il existe aussi des cas où la surveillance est de mise. Présenter un grand nombre de grains de beauté (plus de 50), avoir des antécédents familiaux de mélanomes, être blanc de peau et roux, l’exposition solaire. Le soleil demeure un facteur aggravant, d’où la nécessité de se protéger et de ne pas s’exposer aux heures les plus chaudes de la journée quand le soleil est proche du zénith. S’enduire d’écran total, à renouveler toutes les deux heures, lunettes pour se protéger les yeux, et entre chaque bain, porter des vêtements protecteurs et un chapeau demeurent des conseils de bons sens.
Diagnostic précoce synonyme de guérison : Surveiller ses grains de beauté et ne pas hésiter à consulter au moindre changement d’aspect pourrait vous aider à éviter le pire, car seul un diagnostic précoce permet le retrait du mélanome avec une grande probabilité de guérison totale. Aussi, pour éviter des traitements lourds, il faut acquérir de bons réflexes surtout si on a des facteurs de risque.