Racisme, xénophobie, discrimination, le Maroc peut mieux faire!

Racisme, xénophobie, discrimination, le Maroc peut mieux faire!

Mme E. Tendayi Achiume, rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance a effectué une visite au Maroc du 13 au 21 décembre. Le mandat de sa visite, établi par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ONU), consistait à évaluer les efforts des autorités visant à éliminer le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée au Maroc. L’Experte de l’ONU salue le leadership international du Maroc en matière de migration, mais appelle à une action immédiate contre l’inégalité raciale dans le pays

 

Lors de la conférence de presse organisée à Rabat, la Rapporteuse spéciale a tenu à remercier le Royaume du Maroc  pour son excellente coopération en ce qui concerne chaque aspect de sa visite «  En tant que Rapporteuse spéciale, je suis indépendante de tout gouvernement ou organisation et j’assume mes fonctions à titre personnel. Au cours de ma visite, je me suis rendue à Rabat, à Tanger, à Tétouan, à Agadir et à Casablanca, où j’ai rencontré de nombreux représentants de haut niveau du pouvoir exécutif, démontrant ainsi l’importance que le Maroc accorde aux procédures spéciales comme mécanisme de l’ONU de protection des droits de l’homme, ce que j’apprécie énormément .L’ experte de l’ONU a déclaré « Aujourd’hui que le Maroc devait urgemment prendre des mesures pour que ses engagements constitutionnels en matière d’égalité raciale et de lutte contre la discrimination raciale soient étendus à tous les Marocains, ainsi qu’aux migrants et aux réfugiés, conformément à ses engagements internationaux en matière de droits humains ».

Mme Achiume exhorte le Maroc à adopter un cadre législatif complet de lutte contre la discrimination raciale. « Le Maroc dispose de dispositions constitutionnelles solides qui interdisent et combattent toutes les formes de discrimination, promeuvent l’égalité devant la loi, protègent l’égalité des sexes et garantissent les droits des non-ressortissants « .

Un Statut officiel pour la langue amazighe 

Elle se félicite également de la reconnaissance constitutionnelle de la langue amazighe comme langue officielle, mais se dit préoccupée par le fait que le Maroc n’ait toujours pas adopté de législation pour appliquer cette disposition. La Rapporteuse spéciale a noté que la prédominance de l’arabe et du français et l’absence de services adéquats en langue amazighe, notamment d’interprètes assermentés et certifiés, demeure un obstacle à l’accès égal et effectif à la justice pour les amazighes. « Le Maroc doit adopter et mettre en œuvre d’urgence la législation nationale nécessaire pour réaliser le plein statut officiel de la langue amazighe « , a déclaré Mme Achiume.

 

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Les communautés amazighes, en particulier dans les régions rurales, subissent une grave marginalisation socio-économique et certaines d’entre elles sont victimes de discrimination y compris lorsqu’elles tentent de s’installer dans des zones plus urbaines. Certains groupes ont fait état d’une marginalisation structurelle et persistante et d’une discrimination à l’encontre des communautés amazighes, dans des régions où les infrastructures et les services de l’État sont limités notamment en ce qui concerne les besoins fondamentaux tels que l’eau, l’assainissement et les soins de santé adéquats.

Une politique de migration fondée sur les droits de l’homme

S’agissant des migrants et des réfugiés, elle a salué l’approche fondée sur les droits de l’Homme que le Maroc a largement mise en œuvre. « Par exemple, la Constitution marocaine prévoit que les étrangers se trouvant sous la juridiction marocaine puissent jouir des mêmes libertés fondamentales que les citoyens marocains «  a déclaré l’experte indépendante. Elle s’est également félicitée de la décision récente de rejeter les tentatives de l’Union Européenne visant à implanter dans le pays des centres de traitement des demandes d’asile ou de  » débarquement régional « , ainsi que du refus par le Maroc de retenir les migrants dans des centres de rétention pour migrants. Cependant, cette année en particulier, les pressions exercées pour empêcher la migration de l’Afrique vers l’Europe ont entraîné de sévères restrictions à la liberté de circulation et parfois mené à de graves violations des droits de l’homme à l’encontre des migrants aussi bien ceux en situation régulière qu’irrégulière, en particulier les Africains subsahariens « J’ai parlé à certaines de ces personnes, qui vivent maintenant dans des conditions tout à fait inhumaines dans une forêt, sans installations sanitaires ni abri, malgré des températures hivernales glaciales. Je suis très préoccupée par le fait que ces expulsions aient mené à la violation des droits humains de nombreux migrants, d’autant plus que certains d’entre eux ont précisé que, malgré leur situation régulière ou leur statut de demandeurs d’asile, la couleur de leur peau les mettait en grand danger « , a déclaré Mme Achiume. Elle a exhorté le Maroc à rester ferme sur sa politique migratoire ancrée dans le respect des droits de l’Homme et à rejeter les tentatives de plus en plus nombreuses de l’Europe pour contenir au niveau régional les Africains sur le continent Africain.

Juifs Marocains et Minorités religieuses 

« Je félicite le Maroc pour les mesures remarquables qu’il a prises afin que les Juifs marocains puissent jouir de leurs pleins droits notamment la liberté de croyance et d’association ainsi que d’autres droits humains. Une similaire protection des droits devrait être accordée aux autres minorités religieuses qui signalent être confrontées à des restrictions par rapport à l’exercice de leurs droits à la liberté de croyance et d’association », a-t-elle ajouté.

Mme Achiume présentera un rapport complet sur sa visite au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève en juillet 2019.

 

 

 

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